martes, 29 de septiembre de 2009

La ley es para todos

Bien connu des internautes pour ses explications juridiques, le blogueur Maitre Eolas, avocat au barreau de Paris, revient dans sa dernière note sur l'affaire Polanski.





En tant qu'avocat, quelle est votre position sur l'affaire Polanski ?

Personne ne conteste le génie de Roman Polanski mais la loi est la même pour les artistes et les citoyens, il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures. Il faut surtout penser à l'aspect social de la justice : pourquoi mes clients accepteraient d'assumer la responsabilité de leurs actes si une certaine catégorie de population ne subit pas le même traitement ?

Ses soutiens ont-ils tort d'invoquer la prescription ?

Absolument car cet argument est juridiquement faux. La prescription suppose une inaction. Tout nouvel acte fait repartir le délai à zéro. Or la justice californienne n'a jamais lâché l'affaire. Preuve en est, le mandat d'arrêt international émis en 2005. Et Polanski savait que l'affaire était encore en cours puisqu'il paie des avocats pour faire des recours et qu'il avoue lui même faire attention aux pays où il met les pieds. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il n'est même pas allé chercher son Oscar pour Le Pianiste en 2003 à Los Angeles. Bref, Roman Polanski a reconnu les faits et cherche à échapper à la justice depuis trente ans.

Que reprochez-vous aux artistes qui le soutiennent ?

On attaque un des leurs, les artistes le défendent : c'est du corporatisme. À l'inverse, lors des débats sur Hadopi, certains artistes réclamaient une sévérité impitoyable contre les téléchargeurs, quitte à bafouer un droit fondamental. Cela creuse le divorce entre les artistes et l'opinion publique. Je suis également en colère car ceux qui s'insurgent contre cette arrestation invoquent de mauvais arguments, ils ont tort juridiquement et moralement. Par exemple, lorsque le réalisateur Costa-Gavras affirme que la victime "avait 13 ans mais en paraissait 25", il enfonce Polanski plutôt qu'il ne le défend.

Vous taclez également le ministre de la culture Frédéric Mitterrand ?

C'est sa réaction qui m'a poussé à monter au créneau. Lorsqu'il parle d'une "certaine Amérique qui fait peur (...) qui vient de nous présenter son visage", c'est un énorme cliché. Sur cinq chefs d'accusation, la justice américaine n'en a gardé qu'un seul après un arrangement et une indemnisation de la victime. Ce n'est pas de l'acharnement, au contraire la justice américaine est attachée à l'égalité et ne regarde pas la qualité de l'accusé. J'ai l'impression que cela gêne Frédéric Mitterrand que les artistes ne soient pas au-dessus des lois tant ils sont bénéfiques à la société.

La pétition de la SACD, signée par de nombreux artistes, parle d'un "traquenard policier" et critique le fait qu'il ait été arrêté par surprise alors qu'il s'apprêtait à recevoir un prix.

C'est un peu le principe d'une arrestation que d'être effectuée par surprise, sinon, elle échoue... D'autres estiment qu'il ne pouvait pas s'en douter puisqu'il se rendait régulièrement en Suisse, dans sa maison à Gstaad. Cela n'a rien à voir car cette fois il venait recevoir un prix dans un festival, sa venue était annoncée dans tous les journaux. Et apparemment, la police lit le journal.

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