L'inspecteur Richard Horton, qui sert dans le comté anglais du Lancashire, a perdu. La Haute Cour de Justice au Royaume-Uni a tranché le 16 juin en faveur du Times de Londres. Le quotidien conservateur a remporté le droit de révéler l'identité du blogueur qui sous le pseudonyme de Jack Night racontait de l'intérieur les réalités du travail de la police et du système judiciaire britanniques non sans critiques. Cet auteur, c'est donc Richard Horton. Mais ne cherchez pas son Nightjackblog, il est fermé et ses archives effacées.
Une perte indéniable pour ses lecteurs qui se comptaient en centaines de milliers par semaine. Une perte aussi pour les cercles littéraires britanniques. En effet, en avril dernier, Nightjack recevait des honneurs singuliers, ceux du prestigieux prix Orwell qui récompense les meilleurs auteurs d'écrits politiques.
Le 16 juin, le site internet du Times n'a pas traîné pour enfin publier le résultat de ces "investigations" en révélant le nom de celui qui "utilisait son blog anonyme pour donner des conseils sur la façon de saper le travail de la police et révéler des informations confidentielles sur des affaires qu'il traitait". Un motif d'autant moins convaincant que le Times s'était déjà illustré en 2006 en révélant le nom de Zoe Margolis, la blogueuse qui raconte sans détour sa vie sexuelle. Elle en a tiré un livre publié sous son pseudonyme Abby Lee.
Zoe Margolis a réagi au sort de NightJack et de la menace qui pèse sur tous les blogueurs soucieux de leur anonymat. "Ceux d'entre nous qui ont choisi l'anonymat l'ont fait pour une bonne raison, donc après avoir perdu ce droit et expérimenté à mes dépens le comportement cruel de certains éléments de la presse, je continuerai à me battre pour le droit des autres blogueurs à garder leur identité secrète. La situation actuelle en Iran nous rappelle la nécessité de l'anonymat sur Internet pour ceux qui littéralement risquent leur vie pour faire passer leur message. Ainsi le verdict qui fera date des tribunaux britanniques est extrêmement préoccupant et représente une menace pour nos vies privées".
Dans la même veine, un autre blogueur anonyme et policier britannique de son état, Inspector Gadget, dénonce l'hypocrisie du Times, prosélyte de l'anonymat des blogueurs en Iran mais délateur de l'identité de blogueurs dans son propre pays. En effet, dans sa couverture des manifestations contestant la réélection du président iranien Ahmadinejad, le Times de Londres, à l'instar de la presse occidentale, tire ses informations d'Iraniens anonymes qui tiennent des blogs et s'expriment sur Twitter pour déjouer la censure des Gardiens de la révolution islamique. Et Inspector Gadget d'intituler sa note du 17 juin : Bloguer en Iran c'est bien, bloguer dans le Lancashire c'est mal.
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